Faune et flore du Val d'Allier
Le Val d’Allier dans le Cher, un territoire ou élevage rime avec biodiversité. Apremont comme les communes riveraines de Cuffy, Neuvy le Barrois et Mornay sur Allier abritent une mosaïque d’habitats naturels étroitement imbriqués. Plusieurs sont des zones humides : la rivière, les prairies et les goures (ou boires) du lit majeur, les ruisseaux, les étangs, les innombrables mares du bocage où l’élevage bovin reste pratiqué de façon semi-extensive. La biodiversité des zones humides La rivière et son lit mineur Le lit mineur de l’Allier comporte un chenal principal et des chenaux secondaires parfois inactifs en période d’étiage. Ces chenaux, les îles, les plages, les grèves et les falaises d’érosion constituent autant d’habitats sans cesse remodelés par la dynamique fluviale. Les îles de sable, recouvertes par les hautes eaux hivernales et parfois printanières sont des lieux de prédilection pour la nidification des sternes, du petit gravelot et de l’œdicnème criard et un habitat fréquenté par plusieurs espèces d’orthoptères aux ailes colorées (les œdipodes). A la fin de l’été, après plusieurs mois d’étiage, elles verdissent par le développement d’espèces annuelles (chénopodes, souchets, matricaire, etc.). Des fragments de forêt alluviale subsistent sur les rives et les îles les plus élevées. Ce sont des refuges pour des espèces craintives comme la martre, la loutre, le castor, les sangliers, les chevreuils. Les grands arbres, notamment les vieux peupliers noirs, sont utilisés par les hérons, les cigognes blanches et les milans noirs pour construire leurs nids. Ici se reproduit la seule population de cigogne blanche de la région Centre-Val de Loire, 20 à 25 couples parmi les 250-300 que compte la population du Centre-France répartie sur les départements de la Nièvre, de l’Allier et du Cher. La dynamique fluviale s’exprime particulièrement sur la rive externe des méandres de la rivière. Les hirondelles de rivage, le martin-pêcheur et les guêpiers creusent des terriers dans les falaises d’érosion. Les guêpiers sont de redoutables prédateurs d’insectes volants, notamment de libellules dont le gomphe serpentin (O. cecilia) et son cousin à pattes jaunes (G. flavipes) classés en danger (EN) dans le livre rouge national ! Le lit majeur Plusieurs centaines d’hectares de prairies occupent le lit inondable de la rivière, le val au sens strict. Le mode d’agriculture qui y est pratiqué a favorisé la diversité des insectes et des oiseaux. Au sol se reproduisent la caille des blés, le bruant proyer, l’alouette des champs, l’alouette lulu, la bergeronnette printanière, le courlis cendré. Ils côtoient la pie-grièche écorcheur, le tarier pâtre et la fauvette babillarde, locataires des buissons de prunelliers et d’aubépines. Les goures, anciens bras de la rivière, hébergent une flore remarquable dont plusieurs plantes protégées comme la grenouillette, le butome en ombelle, la ludwigie des marais, la marsilée à quatre feuilles, la gratiole officinale, l’hottonie des marais. En toute saison, ce sont des lieux de nourrissage et de repos pour quantités d’oiseaux, en particuliers les hérons, aigrettes, cigognes, canards, limicoles de passage, etc. Certains abritent de fortes populations d’amphibiens (grenouille verte, rainette arboricole, crapaud calamite). La cistude d’Europe, tortue aquatique, est présente en petit nombre sur quelques goures et ruisseaux. Depuis le début des années 2000 les grues cendrées ont pris l’habitude d’hiverner dans le val. D’octobre à mars, elles profitent des prairies de la rive berrichonne et des chaumes de maïs de la rive nivernaise. |
Les ruisseaux et les étangs Le Val d’Allier est traversé d’ouest en est par plusieurs ruisseaux qui, de leurs sources situées dans le massif forestier d’Apremont, dévalent vers l’Allier, traversant successivement le bocage, plusieurs étangs et le lit majeur pour finalement terminer leur course dans le lit mineur de la rivière. Véritables corridors écologiques, ils assurent une continuité et une communication entre les entités paysagères, tout en augmentant la diversité des habitats et des niches écologiques d’une multitude d’espèces. Les ruisseaux, notamment dans les prairies, abritent des cortèges intéressants d’odonates. L’un d’entre eux est connu des spécialistes pour la présence, unique dans toute la région Centre-Val de Loire, de l’agrion orné. Il y voisine avec l’agrion de Mercure beaucoup plus commun. Les étangs, disposés en chapelets dans les vallées des ruisseaux, sont pour la plupart très anciens. Une formation a été initiée par la Chambre d’Agriculture du Cher pour inciter leurs propriétaires à les mettre en conformité avec la loi sur l’eau. Certains d’entre eux apportent un réel plus à la biodiversité avec la nidification et l’hivernage d’oiseaux d’eau (fuligules, grèbes, foulques, etc.). La Cistude a été notée sur au moins deux d’entre eux. Les mares du bocage Les centaines de mares disséminées dans les pâtures abritent des cohortes de batraciens. Les chants des rainettes, crapauds calamites et grenouilles vertes animent les tièdes soirées des mois de mai et de juin. Plus discrètes, les grenouilles rousses et agiles se font remarquer par leurs pontes précoces, parfois dès février. Certaines mares en lisière de forêt sont habitées par le triton crêté et les salamandres tachetées sortent en nombre sur les routes forestières. Merci à Jean-Paul Thévenin qui nous a fourni les éléments ci-dessus extraits de son ouvrage « Le Bec et le Val d’Allier-CEN Centre-Val de Loire. |